vendredi 26 octobre 2012

Papa est venu me voir

Oui, oui, ça fait des lustres que je n'ai rien posté, mais j'avais de bonnes raisons.
D'abord, ça faisait plus d'un mois que mes entrailles étaient en pleine crise d'inflammation, vous vous souvenez, j'étais à l'hôpital il n'y a pas si longtemps... Bon, c'est allé mieux, puis pire, puis j'ai craqué et je suis allée me faire diagnostiquer chez FirstMed, un endroit très très très très très très très cher mais efficace: depuis hier, je suis sous antibiotiques et je n'ai presque plus mal (autant vous dire que je revis, sans exagérer).
Ensuite, mon Papa est venu me rendre visite quelques jours, et donc je n'avais pas que ça à faire, vous vous en doutez. Ce matin, il est reparti, alors ça y est, je m'attèle à cette lourde tâche qui consiste à mettre à jour le blog, et qui suppose des heures de traitement de photos et de vidéos, mais je vais y arriver! (là, je me relis, ça fait déjà plus de trois heures que j'ai commencé et il me reste des vidéos à uploader, argh!!!)

Je vais commencer par avant que Papounet n'arrive. Je suis allée prendre l'air au mausolée de Gül Baba (vous apprécierez l'origine du lien) avec mon prof de hongrois, qui s'avère être le M. G. du camping de cet été (j'en vois qui sourient en coin, mais c'était purement culturel, voyez-vous!). Si mes sources sont fiables, c'est le seul monument religieux musulman de Hongrie qui n'ait pas été affecté à une autre utilisation, contrairement à la mosquée de Pécs, et il paraît que c'est un lieu de pèlerinage pour les turcs, mais d'après moi c'est surtout là que les couples vont se bécoter. Bref, nous on a admiré la vue et papoté, c'était culturel j'vous dis... Voici les photos:


Environ deux semaines plus tard, c'était le début des vacances et l'arrivée du Messie, avec dans ses valises plein de bédés, vu que je ne peux pas les télécharger sur mon iPad (je m'y suis mise, c'est quand même moins lourd quand on déménage).

Son séjour a commencé très fort, avec dès le lendemain de son arrivée un mariage complètement grandiloquent à la basilique. Sur le point d'arriver sur le parvis, nous entendons un hélicoptère et nous demandons ce que c'est. Réponse quelques mètres plus loin: un lâcher de pétales de roses, rien que ça! Il n'y a pas de meilleure description que la vidéo qui suit, je ne sais pas comment ils ont obtenu les autorisations pour squatter la basilique comme ça, mais c'était une chouette surprise!




Le soir, nous sommes allés voir le ballet "Les Karamazov" à l'opéra, puis manger un morceau à "la cantine": le café Callas, juste à côté de l'opéra. Il y a avait des musiciens qui jouaient, et une soprano qui dînait là et a poussé la chansonnette, on était toujours dans l'ambiance. En sortant, il y avait dans la rue de vieilles bagnoles, comme pour une reconstitution à visée cinématographique, et je me suis demandé si Bruce Willis n'était pas déjà de retour (pour info, le Moscou de Die Hard 5, c'est Budapest et si vous visionnez la bande annonce en lien, vous pouvez apprécier le commentaire "Die Hard 6 is gonna be Die Hard from old age", ha ha ha!).


Le lendemain, nous sommes allés à Kecskemét sur les traces de mon architecte hongrois chouchou, Ödön Lechner. Il y a tellement de photos que cela fera l'objet d'un prochain post.

Le surlendemain nous sommes retournés à l'opéra voir un concert de piano en l'honneur de l'anniversaire de Franz Liszt. Le pianiste, Enico Pace, était possédé par la musique et les vidéos qui suivent ne lui rendent pas vraiment justice, mais ça vous fait voir l'opéra de l'intérieur!



Doucement, nous arrivons au 23 octobre 2012. C'est jour de fête nationale depuis l'insurrection de 1956, quand le peuple s'est soulevé contre le gouvernement communiste et s'est fait réprimer dans un bain de sang. Lors de cette révolte, les manifestants ont brûlé le centre du drapeau, qui affichait l'emblème communiste hongrois (du beau blé doré, un marteau, une étoile rouge, on s'y croirait...) c'est pourquoi on voit dans les rues de Budapest certains drapeaux avec un trou au milieu, notamment lors de cette journée de commémoration. Au-delà de la commémoration, c'est l'occasion de manifestations politiques. Sans rentrer dans les détails - pour cela, je vous laisse lire cet article, et puis celui-là - il y avait donc trois grands rassemblements: pro-gouvernemental, opposition et extrême-droite (avec des invités bleu-blanc-rouge, tendance bleu marine, cocorico). 

Je n'étais pas en grande forme, donc j'ai laissé mon reporter-photographe de père avec des instructions très précises, pour qu'il soit au Parlement au moment du discours (il a chopé grâce à sa carte de photographe un pass pour rejoindre les photographes de presse, il a donc de superbes photos des leaders locaux, Àder et Orbàn) puis à la "marche pour la paix" à 14h à Széna Tér. Il a marché avec les gens qui soutiennent le gouvernement et filmé un papi qui faisait son show depuis son balcon vêtu d'un pull et d'un... caleçon! (comme il a filmé avec son iPhone, que je n'ai pas de Mac et que la manip' me gonfle, vous n'aurez pas la vidéo tout de suite, peut-être même jamais)


De mon côté, je lui ai donné rendez-vous Place du 15 Mars pour le rassemblement d'opposition - non pas que je me mêle de politique, mais je voulais voir l'ampleur du mouvement et j'espérais le concert de Kistéhen, mais j'ai dû arriver trop tard ou mal comprendre le programme. En tout cas, j'ai un petit bout d'hymne hongrois en boîte:


Et puis mercredi, c'était journée santé, et ce matin, Papa est reparti. Je vais donc devoir m'occuper comme une grande: reprendre les cours de hongrois (comme ça a tendance à durer trois heures, ça va bien m'occuper!), aller à des concerts ailleurs qu'à l'opéra (j'adore ça, mais j'aime bien les concerts de musique contemporaine aussi), faire du crochet (pour m'équiper en accessoires d'hiver et variés).

Prochain épisode: le compte-rendu de la journée à Kecskemét...

jeudi 4 octobre 2012

Diet Hostel

Toutes les stratégies sont bonnes pour alimenter ce blog. Ma dernière trouvaille: un court séjour en bed and breakfast* avec chambres de 3 ou de 6 et toilettes sur le palier. Personnellement, on m'a attribué une chambre de trois, partagée avec une crise d'appendicite et une opération des intestins. Car oui, cet hébergement temporaire était un hôpital (Szent Istvàn Kòrhàz).

* en anglais, "fast" signifie jeûne...
 
Là, je fais la maline parce que c'est passé, mais ces derniers jours n'ont pas été toujours drôles, en fait.

Tout a commencé vendredi matin avant l'aube, quand j'ai cru que mes douleurs mensuelles régulières revenaient, avec trois semaines d'avance et des crampes terribles dans le bas ventre irradiant jusqu'aux reins. Ceci étant mon lot habituel, je me lève et vais au travail, comme d'habitude. Sauf qu'au lieu de me laisser un peu de répit au bout de quelques heures, les douleurs persistent et je me carapate à midi (horaire officiel hebdomadaire du début de mon week-end - soyez pas jaloux) et zappe une réunion syndicale. Un cachet et quatre heures de sieste plus tard, je vais mieux.

On travaillait samedi, donc j'y vais - après une nuit d'environ dix heures de sommeil, je vous laisse faire le calcul de l'heure à laquelle je me suis couchée après la sieste. Là, je recommence à avoir mal, de plus en plus, au point que je demande l'autorisation de rentrer prendre un cachet et dormir, vu que la veille ça avait été à peu près bénéfique. Même scénario, donc je suis assez en forme le soir pour aller à un concert (voir post précédent, où j'évoque déjà ces fameuses douleurs). Dimanche, grasse matinée très tardive puis répétition polyphonique avec deux amies. Au moment de partir, les douleurs reprennent. Il est plus de 20h, mes amies me conseillent d'aller à l'hôpital, "au moins tu sauras et puis en plus ils peuvent faire des analyses", on appelle les urgences qui nous dirigent vers un dispensaire.

Je m'y pointe avec Mlle R. et je me fais gronder parce que quand même, si j'ai mal depuis vendredi, quelle idée d'attendre le dimanche nuit, hein, non mais franchement. Surtout qu'avec le ventre, il faut faire attention, et puis si ça se trouve c'est une appendicite qui va virer en péritonite, bref, il faut aller au vrai hôpital très très vite. Ah. Et sinon, vous voulez pas reprendre ma tension maintenant que vous m'avez fait flipper grave? Elle devrait avoir bien grimpé. Petite consolation, le médecin m'a arrêtée une semaine et ne m'a pas fait payer, je crois qu'il m'a prise en pitié avec mon ventre douloureux et ma nullité en hongrois.

Nous prenons donc un taxi pour l'hôpital. Là, il faut frapper à une porte (s'il n'y avait eu personne dans la salle d'attente, Alien aurait pu déchirer mes entrailles sans que personne ne s'en rende compte) et l'attente commence. Puis c'est mon tour.


Heureusement, Mlle R. est là pour faire la traduction. Le médecin me parle en anglais-allemand-hongrois et la batterie de tests commence: prise de sang (1/2 l., l'infirmier s'excuse de m'avoir fait un peu mal, "nem problema", lui réponds-je), radio des poumons (euh, ok.), échographie. Et là, diagnostic: inflammation du colon. J'en profite pour vous informer qu'en cas d'urgence grave, vous ne pouvez pas aller faire des analyses parce qu'il faut marcher 5 minutes dans le noir pour atteindre le bâtiment radio/échographie:


Je pensais que cette inflammation allait me valoir une ordonnance et une tape amicale dans le dos, que nenni! Ils ont voulu me garder en observation au moins 24h en cas de perforation du colon. Ah. Vous aussi, vous devriez prendre ma tension. 
En fait, je crois que c'est justement pour ça qu'ils ne me l'ont pas mesurée, ils avaient peur que je ne fasse péter le tensiomètre.

Après une bonne crise de larmes discrètes et de panique ("mais je n'ai même pas mon liquide pour mes lentilles de contact ni même un bouquin, comment vais-je tenir durant cette épreuve sans mourir d'ennui?") je me range à l'avis médical et décide de rester. Un dimanche vers minuit dans un hôpital hongrois, pour une durée indéterminée. Gloups.

Je dis adieu à Mlle R., réclame un Xanax et une chemise de nuit, et on me dirige vers ma chambre. 2è étage par les escaliers (mais comment font-ils pour les brancards?), une chambre avec trois lits rien que pour moi. Je choisis la fenêtre, histoire d'avoir quelque chose à faire quand il fait jour. On m'annonce que je n'ai pas le droit de manger mais que je peux choisir de l'eau plate ou du thé (comprendre de la poudre chimique diluée dans de l'eau froide). "Thé!" m’écrié-je, comme d'autres s'exclament "C'est Byzance!" (en vrai, j'ai dit "kérek egy téat" et c'était le début de mes progrès fulgurants en hongrois).

Je m'endors malgré le bruit de l'ascenseur (en fait, il y en a un!) et je suis réveillée vers 3h par l'arrivée d'une compagne de chambre, Györgyi, qui est là pour suspicion d'appendicite. Je me rendors et vers tôt le matin, on vient me donner des cachets et me reprendre du sang. Tout ça en hongrois, car les infirmières qui s'occupent e ma chambre ne parlent pas anglais. La pauvre Orsi ne trouve pas mes veines, et me fait deux trous inutiles avant d'appeler sa collègue Timea, qui réussit à me prendre quelques tubes de sang frais.

Une troisième "colocataire" arrive en prévision de son opération, accompagnée par sa fille. Elle s'installe, elle pose même un petit napperon sur sa table de nuit, histoire de. Je commence à avoir faim et mes vœux sont exaucés avec l'arrivée imminente d'une "infuzio". Malheureusement, ce n'est pas un mot transparent et ce n'est pas une tisane qui m'attend mais une grosse aiguille pour perfusion. Ah. Orsi l'infirmière cherche une veine disponible et me fait encore deux trous pour rien (et là, ça fait vraiment mal) avant de m'envoyer Timea, qui me fait mal aussi mais parvient à me poser la perf. Du coup, je rassemble mon meilleur hongrois pour lui dire qu'elle est la reine de l'aiguille et ça la fait bien marrer. Tout ça en chouinant pas mal, il faut bien le dire, parce que je pensais à ma mère qui avait tellement mal à la moindre piqûre car son corps était épuisé à cause de son cancer et à qui j'ai dit adieu forever sur son lit d'hôpital. Ceci dit, ces pensées m'ont permis de relativiser ma situation et de me dire que j'allais aller très vite très bien et qu'il fallait que je prenne des photos pour un reportage documenté sur ce blog.


Dès que la chambre était vide, je volais des photos, et je vous présente dans l'ordre: la chambre, le système de gestion d'appel des infirmières avec cure-dent en guise d'interrupteur, mes pieds en mode "regardez les gens je suis en vacances au bord de la mer, les pieds dans le sable":


Et puis j'ai appelé à la rescousse M. B., à qui j'ai confié une liste longue comme ça de trucs à aller chercher chez moi pour que je m'occupe un peu - et que je brosse un peu mes dents et que je change de petite culotte, accessoirement. Il a bien assuré, et je n'ai pas voulu abuser en lui demandant de relaver le linge qui avait moisi depuis la veille dans la machine (après tout, ne sachant pas quand j'allais sortir, ce n'était pas la peine de faire moisir le linge deux fois).
Il m'a notamment apporté un rouleau de papier toilette, parce que figurez-vous qu'il n'y en avait pas à l'hôpital (ma voisine hyper organisée m'avait dépannée). Si vous prévoyez une hospitalisation en Hongrie, pensez donc au PQ, au savon, et aux couverts pour le moment tant attendu où ils vont vous nourrir (et où jamais la bouffe d'hôpital ne vous aura paru aussi... nourrissante?).

Je commençais à être bien installée et il ne me restait qu'on problème à résoudre: la dépendance à la nicotine. J'ai demandé à Orsi si je pouvais sortir fumer, elle m'a répondu que non à cause de la perfusion, mais qu'entre deux bouteilles de liquide, je pouvais aller fumer en cachette dans les toilettes. Ah. Ha! Je n'étais pas sûre d'avoir bien compris, mais Györgyi a confirmé. J'avoue que par la suite j'ai remarqué que les toilettes sentaient le tabac. Et au moment convenu, Orsi m'a libérée de ma perf et je suis allée tirer trois taffes comme une collégienne qui a peur de se faire prendre. Et puis j'ai pensé aux malades non fumeurs et je me suis dit que c'était abusé et que j'allais attendre de ne plus être reliée à un tube.

J'ai eu plusieurs visites de plein de médecins, mais celui qui venait le plus souvent parlait français (ô miracle), m'a annoncé qu'on n'allait pas devoir "opérer sur mon corps" (merci) et m'a autorisée à sortir me promener dans le parc (code pour "aller m'en griller une") du moment que je prévenais les infirmières. Il m'a aussi annoncé qu'ils allaient me garder une nuit supplémentaire: pas de problème, je suis comme chez moi ici, maintenant. En plus je suis l'attraction locale pour tous les personnels (infirmières, hommes de ménage, internes, malades, secrétaire qui galère avec la paperasse inter-européenne et ne comprend pas que je n'ai pas d'adresse en France...).

Le temps a donc passé, ponctué de conversations en anglais avec Györgyi, de sorties (rares) dans le parc, de mini-conversations en hongrois avec les infirmières (j'ai fini par en trouver une qui parlait allemand, alors on pouvait papoter un peu plus), de visites des médecins et de Mlle R., de la lecture vorace d'un semi-polar saupoudré de surnaturel pour public féminin dédicacé par l'auteur, rien que ça.

Mardi matin, j'ai eu le droit de manger: un petit déjeuner (en photo) et un déjeuner (pas de photo, je me suis jetée dessus, c'était une soupe bouillon-patate-carotte-panais-porc et deux énormes "chaussons" au tùrò en dessert).


Et puis ils m'ont libérée sans plus de détails, aucune idée de l'origine du problème, aucun médicament à prendre, aucun régime à suivre...
J'ai dit au revoir à toutes mes nouvelles copines et j'ai sauté dans un taxi.


Depuis, je me repose, j'essaie de manger sainement et j'ai beaucoup moins mal même si je ne suis pas encore au top de ma forme (j'ai un ventre énorme, des ballonnements, et je suis fa-ti-guée). J'ai fini par avoir un RDV avec un médecin pour un minimum de suivi, verdict samedi matin.

Et vivement que je reprenne le boulot, ça voudra dire que tout va pour le mieux!